Les choses sont allées vite dans le SEO récemment : l’arrivée de l’IA a bousculé nombre de process de référenceurs. Parfois pour le mieux, parfois pour le pire. Les mises à jour d’algorithme n’ont cessé de pleuvoir fin 2023, et entre temps Google EAT est devenu EEAT. Mais qu’est-ce que représente cet acronyme et ses critères ? Et que faire pour les allier à son SEO ? En tant que consultant spécialisé en référencement naturel, je vous propose mon analyse et mes conseils pour répondre au mieux au concept de Google EEAT et faire progresser votre positionnement.
Qu’est-ce que Google EEAT ?
Remise en contexte
L’EEAT (parfois mentionné comme E-E-A-T) est avant tout un concept initié par Google, représentant des critères destinés à définir si les contenus positionnés sont utiles et pertinents pour les utilisateurs ou non. L’acronyme met en avant 4 mots : Experience (expérience), Expertise, Authoritativeness (autorité) et Trustworthiness (confiance, voire fiabilité).
Ces critères seront repris par des Googlebots et des Quality Raters qui seront en charge d’analyser les résultats de recherche, et de définir si les pages positionnées répondent à ces critères ou non. Si on en vient au concret, oui respecter ces guidelines et mettre en avant son expertise peut aider le référencement naturel de votre site.
Définition de chaque lettre
- E : Expérience. Est-ce que votre contenu propose un retour d’expérience donné ou rédigé par un expert du domaine ?
- E : Expertise. L’auteur du contenu est-il un spécialiste reconnu de son secteur ?
- A : Autorité. Est-ce que le site web et ses auteurs sont-ils cités par leurs pairs ?
- T : Confiance (Trustworthiness). Le site web est-il digne de confiance, les informations données sont-elles véridiques ?
Où retrouver ses Guidelines ?
Chose assez rare dans le monde SEO, c’est Google lui-même qui vous donne ces consignes, et précisément ce qui est recommandé de faire ou non avec des exemples. Car oui : le but du géant Américain reste avant tout de proposer aux utilisateurs des résultats pertinents et utiles par rapport à leur requête.
Vous pourrez ainsi retrouver ce document en ligne : https://static.googleusercontent.com/media/guidelines.raterhub.com/fr//searchqualityevaluatorguidelines.pdf. Si vous souhaitez le lire en entier, bon courage, il fait pas moins de 176 pages depuis sa dernière actualisation en décembre 2022.

Un enjeu utilisateur et SEO
Le crawl des Googlebots
Pour les plus novices, un crawl représente l’action de parcourir un site web grâce à des robots, et ce en suivant notamment les liens internes (d’où l’importance du maillage interne en SEO). Les Googlebots sont ceux propres à Google, en charge de crawler les sites web avant leur indexation (ou non).
Ces robots analysent donc vos pages dans leur globalité : leur contenu, structure, multimédia, CSS… et même de plus en plus leur Javascript (peut varier sur ce point selon les sites, leur autorité et leur taille). Ils comparent leur analyse aux autres sites traitant du même sujet (ou proche), et leurs algorithmes et notions incorporées (dont l’EEAT) servent à définir le classement final sur la SERP (résultats de recherche).
L’intervention des Quality Raters
Au-delà des robots, des êtres humains entrent aussi en jeu dans la validation de ces critères. On les appelle Quality Raters, et leur but est d’évaluer des pages web par rapport aux critères EEAT. Mais une vidéo devrait être plus parlante pour vous expliquer leur travail :
Sur la planète, on estime leur nombre à des dizaines de milliers. Ce sont avant tout des spécialistes de leur domaine, et sensibles au SEO grâce à leur guidelines imposées, pas moyen de les duper donc. Mais si vous proposez du contenu de qualité et des informations pertinentes centrées sur l’utilisateur, ils peuvent se révéler être des alliés précieux.
Mes conseils en tant que spécialiste pour répondre aux critères EEAT
Expérience
- Donnez un retour d’expérience concret sur le sujet : vous êtes un spécialiste SEO parlant d’une stratégie que vous avez testé ? Parlez de ses retombées, comment vous avez effectué les tests, ce que vous recommandez ou non après avoir fait votre expérience
- N’hésitez pas à montrer un esprit critique. Même si ce que vous présentez peut avoir de nombreux avantages, quels en sont ces limites ? Et même s’il n’y en a pas, comment est-ce que la notion que vous présentez pourrait être encore meilleure ?
- Adressez-vous à un public cible bien défini, et précisez pourquoi ce que vous présentez correspond parfaitement à votre cible plutôt qu’à un utilisateur lambda.
- Cela va avec l’expertise et l’autorité, mais présentez-vous lorsque vous parlez de vos expériences. Mettez en avant le fait que vous êtes un expert, et non un utilisateur lambda qui s’est réveillé un matin et a décidé soudainement de jouer au petit chimiste.
Expertise
- Présentez-vous d’une manière générale sur votre site : au delà de qui êtes-vous, répondez surtout à la question « Pourquoi êtes-vous un expert dans ce domaine » ? Cela peut être par le biais de certification (la QASEO pour le SEO par exemple), vos expériences, vos distinctions, votre formation et votre diplôme…
- Employez des termes techniques : cela montre que vous êtes un expert de votre domaine. Si votre contenu est aussi destiné à un public néophyte, mon meilleur conseil est bien de parler avec des expressions techniques de votre activité, mais les expliquer ensuite pour les lecteurs débutants.
- Si un sujet peut avoir plusieurs réponses possibles, ou que des points de vue diffèrent dessus, n’hésitez pas à les présenter de manière objective à l’utilisateur. Et pour allier l’expertise à l’expérience, donnez ensuite votre point de vue sur les sujets, et ce que vous recommandez ou non en détaillant la raison.
- Mettez à jour votre contenu, d’autant plus quand il y a des nouveautés sur le sujet que vous avez traité. Au-delà de l’aspect EEAT, d’expérience cela peut vous aider à considérablement améliorer votre positionnement.
- N’hésitez pas à faire appel à des experts reconnus, et mentionnez leur participation dans votre contenu.
Autorité
- L’autorité ne se joue pas seulement sur votre site : les Quality Raters (et par extension les Googlebots) ont pour mission de vérifier votre réputation sur le web entier. Ainsi, les relations presse, votre présence et votre apport sur d’autres articles et même votre e-réputation en général ont bien un impact sur votre SEO.
- La qualité et surtout la thématique des sites sur lesquels on vous cite vous ou votre marque est très importante. Si vous menez des campagnes Netlinking, gardez ça en tête. Au-delà de la qualité, il y a toujours un aspect de quantité à prendre en compte (une seule source ne fait pas une réputation).
- Si vous engagez des rédacteurs spécialisés, ou faites collaborer des membres de votre équipe, alors présentez-les comme vous le feriez pour vous.
- Publiez des contenus propres à votre expertise, soyez un référent de votre domaine d’activité. Le développement de cette notion s’appelle d’ailleurs le Topical Authority.
- Préférez les études et analyses avec des chiffres concrets aux spéculations.
- Je recommandais précédemment d’inclure des liens vers des sources d’autorité. Google a démenti le fait que cette pratique puisse améliorer directement le référencement naturel d’une page. Malheureusement je n’ai pas le retour nécessaire pour savoir si cette information est véridique ou non dans les faits, ceci dit si vous pensez qu’une source externe serait bénéfique pour l’utilisateur, n’hésitez pas à la mentionner.

Confiance
- Donnez des informations véridiques. Oui ça peut couler de source, mais n’oubliez pas qu’au-delà des Googlebots, ce sont des Quality Raters qui liront votre contenu. Ces personnes étant des spécialistes de leur domaine, si je peux me permettre un terme familier, ils ne vous rateront pas si vous donnez des informations erronées.
- Mettez en avant des avis vérifiés et vérifiables. Les retours d’utilisateur avec des photos ou preuves de l’utilisation de votre produit / service sont très précieux.
- Donnez les informations nécessaires à l’utilisateur pour savoir qui gère le site et ses données : une page mentions légales et politique de confidentialité sont donc de mise. Proposez une page ou un formulaire pour vous contacter au besoin.
- Au-delà du contenu, si on parle un peu technique, gardez à l’esprit que les utilisateurs attendent de votre site qu’il soit une plateforme sécurisée, notamment vis-à-vis de leurs données. Sur la base de la base, cela passe notamment par l’utilisation d’un certificat SSL valide sur votre site.

Sur quels types de sites cette notion est-elle effective en SEO ?
On pourrait croire, à tort, que l’EEAT n’est utile que pour les pages YMYL (traitant de sujets sensibles tels que la santé, finance ou encore des problématiques de société). En réalité, certes cette notion est d’autant plus valorisée sur les contenus traitant de sujets sensibles, mais reste importante et prise en compte sur tous types de sites. Pensez utilisateur : même s’il cherche à acheter un objet du quotidien pas forcément coûteux (cartable, écran, ballon de football…), il reste preneur d’avis et de conseils venant de spécialistes pour trouver le meilleur rapport qualité-prix et l’usage le plus adapté à leur besoin.
Vous souhaitez en savoir plus sur la notion de pages YMYL et comment performer en SEO sur ces thématiques ? Je vous recommande alors ce Podcast où je suis intervenu :
Est-ce possible de mêler EEAT et contenu produit par l’IA en 2024 ?
Les mots de Google
C’est probablement la grande question de 2024. Alors que l’on pense que Google peut faire la chasse à l’IA à tout prix, Danny Sullivan, responsable des relations publiques pour la recherche Google, offre une autre vision à la question.
« Nous n’avons jamais dit que le contenu produit par l’IA était une mauvaise chose » dit-il sur X (Twitter). « On a simplement dit, assez clairement, que le problème reste avant tout les contenus produits pour satisfaire les moteurs de recherche et non les utilisateurs ».
We haven’t said AI content is bad. We’ve said, pretty clearly, content written primarily for search engines rather than humans is the issue. That’s what we’re focused on. If someone fires up 100 humans to write content just to rank, or fires up a spinner, or a AI, same issue…
— Danny Sullivan (@dannysullivan) November 7, 2022
Une réponse assez logique en soi : si les informations sont valides et offrent une valeur ajoutée à l’utilisateur, pourquoi serait-ce un problème d’utiliser l’IA pour son contenu ? L’IA peut tout à fait utiliser des termes techniques propres à un domaine, prendre ses informations depuis des sources reconnues et s’adapter à des prompts cherchant avant tout à produire des contenus de qualité.
La réalité SEO et sa mise en pratique
Même si Google et ses représentants assurent que l’IA bien gérée peut se révéler efficace pour le SEO, on peut se demander tout de même si le nouveau E de EEAT n’est pas une initiative destinée avant tout à valoriser les paroles d’expert au détriment de celles de l’IA. Le plus souvent, ce sont ces données les plus précieuses : les études, les tests et leur résultats, les analyses… qui sont mises en avant via l’expérience. Toutes les initiatives offrant un retour d’expérience à forte valeur ajoutée.
On peut bien demander à GPT d’identifier des spécialistes d’un domaine et leur retour d’expérience sur une question, mais les résultats sont assez variables.

Si on en revient à l’EAT sans ce nouveau E, il reste possible d’une manière générale de concilier cette notion avec l’IA :
- Expertise : Demandez à votre IA de se placer en tant qu’expert du domaine et d’employer des termes techniques. Vérifiez bien que le contenu produit est concret et utile, car souvent les intelligences artificielles ont tendance à tourner autour du pot sans prendre de position définie.
- Autorité : Indiquez que vous souhaitez voir figurer dans le contenu des chiffres concrets venant d’études poussées. Plus la source utilisée est reconnue, le mieux c’est.
- Confiance : Vérifiez les informations données par votre IA, notamment au niveau de leur véracité. Le piège est que l’intelligence artificielle sollicitée trouve des sources dépassées, voire fausses aujourd’hui.
Les Quality Raters ne vous rateront pas si vous mettez en avant des informations erronées ou dépassées.
Conclusion
En soi, le principe de l’EEAT a pour but de positionner le contenu le plus adapté et pertinent à l’utilisateur. Toutes les évolutions de ce principe ont été faites en ce sens, et le nouveau E représentant l’expérience ne fait pas exception. Au-delà de mes conseils, comme dit Google, pensez à l’utilisateur et le reste suivra. Si ces notions vous paraissent un peu floues et/ou que vous ne savez pas comment vous y prendre, en tant que Freelance SEO, je serais ravi de vous accompagner.